Feu présenté par la firme BRÉZAC Artifices sous le thème Notre Terre.
Source : site officiel.
Dominique Brézac, le concepteur du spectacle Notre Terre, a étudié tous les feux en compétition de l'édition 2009 afin de déterminer ce qui caractérise un spectacle gagnant dans le but de maximiser leurs chances de remporter l'or à leur prochaine présence à La Ronde. Coup du destin, BRÉZAC Artifices faisait partie des concurrents de l'édition 2010. M. Brézac a donc pu mettre rapidement en pratique les leçons qu'il avait apprises de la cuvée 2009.
En raison de son imposant travail d'analyse, Dominique Brézac a conçu un spectacle qui visait à récolter le maximum de points sur chacun des cinq critères évalués par les membres du jury. Cependant, bien que son feu repoussait effectivement les limites au niveau de la qualité des pièces, de l'excellence de la trame sonore et de la conception pyromusicale, j'ai trouvé que l'émotion ne passait pas très bien chez les spectateurs et que le thème, pourtant très clair en théorie et merveilleusement détaillé dans un feuillet distribué dans les gradins, était néanmoins difficile à cerner en pratique.
Tout d'abord, la trame sonore comportait bon nombre de pièces préparées exclusivement pour ce spectacle par Régis Peters, un compositeur européen reconnu. Au niveau des transitions, elles étaient parmi les plus fluides cette saison : non seulement le mixage était-il irréprochable (avec beaucoup d'effets sonores lorsque approprié), mais il s'agissait véritablement d'une trame sonore de 30 minutes, sans aucune pause pour permettre aux spectateurs d'applaudir. Chapeau !
Toutefois, alors que le spectacle de la Suède la semaine dernière misait sur des chansons connues du public et qui a donc accroché les spectateurs dès les premiers instants, Dominique Brézac jouait d'audace en proposant une trame sonore dont les morceaux étaient complètement inconnus des spectateurs. À l'image de la sélection musicale du feu Hommage au Cirque du Soleil, le fait d'utiliser une trame sonore peu connue du public est une arme à double tranchant, car son caractère audacieux n'a d'égal que la difficulté à «embarquer» le public dans le spectacle.
Conséquemment, le public n'a pas manifesté son enthousiasme aussi souvent pendant le feu que lors de certains des spectacles précédants, qui utilisaient quelques chansons connues de la plupart des spectateurs pour leur permettre d'anticiper leur traitement pyrotechnique et d'être euphorique quand le concepteur les exploitait effectivement de façon créative.
Au niveau des produits, la sélection était véritablement exceptionnelle, avec des couleurs vives et des effets d'une très grande qualité. Toutefois, il fallait noter la répétition dérangeante de certains types de pièces, telles les feuilles mortes (qui revenaient dans pas moins de trois tableaux distincts), les crossettes, les palmiers (ou du moins des pièces dorées très similaires) et les kamuros.
D'ailleurs, Dominique Brézac avait promis en entrevue à Paul Marriott de terminer son feu par une finale dorée de quatre minutes. Qu'un concepteur décide de terminer par de multiples barrages de kamuros passe encore, bien que je ne sois pas friand de ce type de finale, mais qu'il évite minimalement de recourir aux pièces dorées dans le reste de son spectacle ! Malheureusement, à ce chapitre, il y avait bon nombre de pièces dorées de tout acabit dans les 26 minutes qui précédaient la finale.
La finale devait représenter la colère; grâce à l'omniprésence du doré tout au long du spectacle, j'ai effectivement senti une certaine colère monter en moi quand je me suis vu imposer une finale dorée interminable... Non pas qu'elle fût mauvaise (elle manquait par contre d'intensité), mais la répétition de cette couleur pendant 30 minutes devenait pénible dans les derniers instants.
Cependant, je dois noter plusieurs séquences réussies et très intéressantes. Faute de connaître la trame sonore, je vais référer à ces séquences par le thème décrit dans le dépliant.
Ainsi, la séquence «Terre» comportait des gâteaux en «V» verts sur la rampe #5 accompagnés par des bruits d'oiseaux. La représentation d'une forêt était très réussie et facilement compréhensible. Le segment suivant, «Eau» utilisait cette fois des gâteaux bleu vif afin de pousser la métaphore marine au maximum.
Un autre segment facile à aborder était «Hiver», avec tout d'abord des pièces blanches pour représenter la neige, puis des pièces vertes et rouges pour reprendre les couleurs traditionnelles de Noël. La pièce musicale utilisée dans cette séquence, «Voltige Noël», reprenait aussi la mélodie d'un cantique de Noël pour quelques mesures.
Cependant, les autres séquences étaient plus difficiles à associer à leur thème respectif, ce qui était un peu dommage étant donné le grand travail de préparation qui avait été mis dans le spectacle.
En conclusion, même si le feu repoussait les limites, j'ai trouvé que l'émotion passait difficilement en raison d'un thème peut-être un peu difficile à saisir malgré le dépliant fourni aux spectateurs. Pour bien faire, il aurait fallu suivre le feu d'un œil et lire le dépliant au fur et à mesure de l'autre. Ma prédiction : BRÉZAC repartira de Montréal avec le Jupiter de bronze.
Pièces pyrotechniques | 9 | / 10 |
Synchronisation | 8.5 | / 10 |
Bande sonore | 10 | / 10 |
Conception technique | 8.5 | / 10 |
Conception pyromusicale | 8.5 | / 10 |
Total | 44.5 | / 50 |
89 % |
Source des critères : site officiel.